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Le débat municipal organisé par la Jeune Chambre de commerce de Montréal le 16 octobre dernier a réuni trois candidat.e.s à l’élection du 2 novembre prochain :

Dès les premières minutes, le ton était donné. Les jeunes Montréalais.e.s, souvent éloigné.e.s de la politique municipale, étaient au cœur des préoccupations. Qu’il s’agisse du prix des loyers, de l’accès à des transports abordables ou de la création d’emplois, les trois candidat.e.s ont cherché à démontrer leur compréhension des défis concrets que vivent les jeunes actif.ive.s et étudiant.e.s de la métropole.

Le premier sujet abordé fut celui du pouvoir d’achat.

Émilie a défendu une approche sociale et inclusive visant à prolonger les avantages du tarif étudiant en transport selon le revenu, à soutenir l’agriculture urbaine et à rendre la culture gratuite et accessible dans tous les quartiers. Julien a, pour sa part, misé sur la rigueur économique en maintenant les hausses de taxes foncières au niveau de l’inflation pour contenir la pression sur les loyers et en améliorant la qualité des services de transport. Shirley a adopté une position plus interventionniste, proposant une tarification sociale pour les revenus inférieurs à 45 000 $, un réseau étendu de voies réservées aux autobus et la conversion de terrains vacants en espaces d’agriculture urbaine.

Mais c’est sur le logement que le débat s’est véritablement enflammé. Émilie plaide pour un développement hors marché, misant sur les coopératives et les logements étudiants en partenariat avec des OBNL comme UTILE. Julien prône une stratégie d’offre massive en construisant davantage, tous types confondus, pour rééquilibrer les prix. Shirley, de son côté, défend la création d’une agence publique, Bâtir Montréal, pour construire directement des logements sociaux financés par la Ville. Si deux des trois candidat.e.s appuient la mise en place d’un registre des loyers, seul Julien souhaite que le projet soit mené avec le gouvernement du Québec, tandis que Shirley propose de l’instaurer à l’échelle municipale.

Le deuxième thème, l’intelligence artificielle, a révélé des divergences philosophiques profondes. Tous s’entendent pour signer une charte éthique encadrant l’usage de l’IA, mais leurs approches diffèrent. Émilie prône la prudence, craignant que l’intégration rapide de cette technologie n’accentue les inégalités et les biais existants. Shirley voit dans l’IA un outil puissant pour optimiser la gestion de la ville, qu’il s’agisse de la circulation ou de l’adaptation climatique. Julien estime que Montréal doit miser sur son statut de pôle mondial de recherche pour exploiter l’IA au service de la gestion municipale, par exemple pour réduire la bureaucratie ou améliorer la coordination des chantiers.

L’économie locale a ensuite pris le devant de la scène. Tous reconnaissent que le dynamisme économique de Montréal dépend de ses entreprises locales et de ses jeunes entrepreneurs. Émilie propose de diriger les contrats municipaux vers les entreprises locales et écoresponsables, tout en transformant l’Est de la ville en pôle de développement durable. Julien veut simplifier les démarches administratives et indemniser rapidement les commerçants affectés par les travaux. Shirley, enfin, avance des solutions plus structurantes comme le contrôle des loyers commerciaux, le zonage réservé aux PME et le rachat de locaux par la Ville pour les louer à prix abordable.

En matière d’emploi, Émilie souhaite réserver un poste sur trois à des candidat.e.s de moins de 35 ans au sein de l’administration municipale et renforcer les programmes de stages communautaires. Julien veut soutenir les secteurs d’avenir comme les jeux vidéo, les technologies, l’IA et la transition écologique. Shirley propose, quant à elle, la création d’emplois verts municipaux liés directement aux projets de la Ville, comme l’installation de toits verts ou la construction de logements sociaux.

Le dernier volet du débat portait sur la participation citoyenne. Tous.tes les candidat.e.s s’entendent sur le constat que les jeunes doivent être mieux représentés dans les instances municipales. Le vote sur les campus, la présence accrue de jeunes candidat.e.s et le renforcement du Conseil jeunesse de Montréal sont apparus comme des leviers incontournables pour raviver l’intérêt politique. Les trois candidat.e.s partagent aussi une même préoccupation pour les organismes communautaires, qu’ils jugent sous-financés. Tous.tes appellent à un financement stable, pluriannuel, indexé à l’inflation et axé sur la mission plutôt que sur les projets ponctuels.

Au terme du débat, une chose est sûre, si les visions diffèrent, la volonté de construire un Montréal plus inclusif, plus abordable et plus participatif est partagée. Les jeunes ont ici été placés au centre de la discussion. Comme l'ont rappelé Charline Caro et Félix Pedneault en conclusion, la politique municipale ne doit pas être perçue comme une affaire d’expert.e.s, mais comme un levier de transformation collective.