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Comme en témoigne la poignée de femmes (ou personnes s’identifiant comme telles) figurant au classement Forbes, en dépit du nombre croissant de femmes en affaires ces dernières années, le monde entrepreneurial reste encore très masculin. En 2024, au Canada, 19% des entreprises étaient majoritairement détenues par des femmes incluant grandes, petites et moyennes entreprises (PME). En tant que membres de la Jeune Chambre de commerce de Montréal (JCCM), il est essentiel de comprendre ces obstacles et de travailler ensemble pour créer un environnement plus inclusif

Si l’on en croit le rapport annuel sur l’état des lieux de l’entrepreneuriat féminin (SOWE) du portail de connaissance pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE), cet écart s’applique non seulement à la part d'entreprises détenues par des femmes, mais également à leur taille et aux revenus qu’elles génèrent. Cet écart n’est donc pas seulement un enjeu social, mais aussi économique, car il affecte la croissance et l’innovation.

Comment expliquer ces différences?

Les normes sociales jouent un rôle majeur dans les défis rencontrés par les femmes entrepreneures. Si les stéréotypes de genre nuisent dès le départ aux aspirations entrepreneuriales, la publication récente des niveaux d’intention de création d’entreprise le contredit. En effet, les niveaux sont quasi identiques entre femmes et hommes. En revanche, l’écart se creuse à toutes les autres phases de la création d’entreprises. Par exemple, dès le démarrage, pour chaque femme entrepreneure au Canada, on compte environ 1,6 homme entrepreneur, soit 39% contre 61% (mesurés par le taux TEA* du GEM Canada Report, 2024).

Bien que les stéréotypes de genre ne diminuent a priori pas l'ambition des femmes, ils influencent néanmoins leur parcours entrepreneurial à plusieurs niveaux. L’accès au financement en est un exemple frappant.

En 2023, les entreprises majoritairement détenues par des femmes avaient un taux d'approbation de financement de 81,8 %, contre 90,6 % pour celles détenues à parts égales. Et les montants reçus étaient bien inférieurs à ceux reçus par leurs homologues masculins. (PCFE, 2025)

Ce manque de ressources financières essentielles, cumulé à des réseaux professionnels moins développés, freine le lancement des femmes en entrepreneuriat et diminue leur chance de faire croître leurs entreprises (CCMM, 2021).

Cet effet serait décuplé lorsqu’on considère de jeunes femmes entrepreneures qui «manqueraient de crédibilité aux yeux des bailleurs de fonds» (Chantier de l’Économie Sociale, 2017). C’est également ce dont témoigne Déborah Cherenfant, ex-présidente de la JCCM dans un entretien: «nombre d’obstacles sexospécifiques se dressent encore sur leur parcours entrepreneurial». Elle souligne également que, bien que les femmes soient plus nombreuses à avoir l'intention d'entreprendre, environ 30 % d'entre elles «s’arrêtent quand vient le moment de passer à l’action» en raison des nombreuses barrières rencontrées. (Zogning, F. , 2022)

C’est à ce titre que le mentorat et le réseautage se trouvent être de puissants outils pour continuer d’accompagner les femmes en affaires. Les programmes de mentorat peuvent renforcer le leadership et créer des opportunités, tout en combattant les barrières invisibles (CDEPNQL, 2025). Par ailleurs, il est nécessaire de continuer à développer une culture de l’entrepreneuriat féminin en accordant plus de visibilité aux femmes qui réussissent en affaires. Les partages de récits et de parcours doivent inspirer les jeunes femmes à se lancer à leur tour.

Enfin, un soutien institutionnel est incontournable. Même si on constate une progression du nombre de femmes entrepreneures, notamment grâce à des politiques comme la Stratégie canadienne pour l'entrepreneuriat féminin (SFE), il reste des progrès à faire pour sensibiliser aux stéréotypes de genre, soutenir l’entrepreneuriat féminin et favoriser son succès. Le Québec a besoin de modèles de femmes entrepreneures pour inspirer les futures leaders.

^{Le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE). (2025). État des lieux de l’entrepreneuriat féminin au Canada}

^{Global Entrepreneurship Monitor. (2024) Canada Report}

^{Chambre de commerce du Montréal métropolitain. (2021). Diversité entrepreneuriale : des impacts majeurs pour le Québec et sa métropole}

^{Chantier de l’économie sociale. (2017). Portrait de l’entrepreneuriat féminin au Québec}

^{Commission de développement économique des Premières Nations du Québec et du Labrador (CDEPNQL). (2025). Le pouvoir du mentorat féminin pour surmonter les barrières invisibles}

^{Gouvernement du Canada. (2022). Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat : Rapport d’étape}

^{Zogning, F. (2022). Déborah Cherenfant, stratège en entrepreneuriat féminin, Directrice régionale, Femmes entrepreneures pour le Québec et l’Atlantique, à la Banque TD. Revue Organisations & territoires}