- ACTUALITÉ
- 31
- Août
- 2023
Meta, la société mère de Facebook et Instagram, a récemment pris un virage majeur en mettant fin à ses programmes d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI), tout en remplaçant son système de vérification des faits par une approche de modération communautaire.
Présentée comme un retour aux « valeurs fondamentales » et un engagement en faveur de la liberté d’expression, cette décision suscite de nombreuses réactions et soulève des inquiétudes quant à la protection des communautés sous-représentées dans un espace numérique où les grandes entreprises dictent de plus en plus les règles du jeu.
Cette décision ne peut être isolée d’un contexte plus large marqué par des pressions économiques croissantes et une montée en puissance du discours anti-woke.
Ce mouvement, alimenté par l’élection de Donald Trump et la montée des mouvements conservateurs, critique les initiatives perçues comme excessivement progressistes et défend un retour à des valeurs traditionnelles. Avec le soutien de certains dirigeants politiques promettant des réformes, « l’anti-wokisme » s’impose comme une force majeure influençant les décisions des entreprises.
Dans un climat économique incertain, des entreprises comme Meta réévaluent leurs engagements, qu’il s’agisse de l’EDI ou de leurs politiques de modération communautaire, souvent dans une perspective à court terme. La montée de cette opposition sociopolitique, combinée à la nécessité de rassurer les investisseurs, crée une tempête parfaite qui pousse les leaders d’entreprises à revoir leurs priorités stratégiques.
Par ailleurs, l’émergence de nouvelles réglementations limitant les initiatives en matière d’inclusion pousse certaines entreprises à réajuster leurs engagements pour éviter des risques juridiques et réputationnels.
Meta affirme que cette réorientation répond à l’évolution de ses priorités d’affaires et au débat croissant entre la liberté d’expression et la lutte contre les discours haineux. L’entreprise soutient que ces changements favoriseront un dialogue plus ouvert et un retour à ses principes de base.
Toutefois, plusieurs acteurs craignent plutôt que cette initiative ne fragilise les protections contre les pratiques discriminatoires et les contenus nuisibles.
Un exemple frappant qui porte dans ce sens ; Meta fait actuellement face à une action collective au Québec, qui a reçu le feu vert des tribunaux. Facebook est accusée «d’avoir permis», en fournissant des outils de ciblage publicitaire, la diffusion d’annonces discriminatoires basées sur des critères comme l’origine ethnique, l’âge et le sexe.1
Cette affaire soulève ainsi des questions essentielles sur la responsabilité des plateformes numériques en matière d’équité et d’inclusion.
Dans la foulée de ces changements, Meta a également introduit la fonctionnalité Community Notes, inspirée de la plateforme X (anciennement Twitter). Ce nouvel outil mise sur l’implication des utilisateur.trice.s pour modérer le contenu, sous prétexte de réduire les biais des méthodes de vérification traditionnelles.
Si certain.e.s saluent cette approche pour sa transparence accrue, d’autres s’inquiètent d’une augmentation de la désinformation et des discours nuisibles. La modération collective pourrait manquer de l’expertise nécessaire pour garantir une information fiable et objective.
Les récentes décisions de Meta mettent en lumière la tension persistante entre la liberté d’expression et la nécessité de contrôler les contenus potentiellement préjudiciables. Bien que l’entreprise présente ses choix comme une manière d’autonomiser les utilisateur.trice.s, de nombreux expert.e.s estiment qu’ils pourraient plutôt exacerber les discours problématiques.
Ces décisions s’inscrivent également dans un contexte plus large, alors que d’autres grandes entreprises telles que McDonald’s, Ford et Google revoient leurs engagements en matière d’EDI sous la pression économique et sociopolitique. Cette tendance soulève des préoccupations quant à l’avenir de l’inclusion numérique et aux conséquences pour les communautés qui dépendent de ces initiatives pour assurer leur visibilité et leur représentation.
Les récentes décisions de Meta posent d’importantes questions sur la responsabilité des géants du numérique dans la conciliation entre liberté d’expression et inclusion. Ces changements représentent-ils une avancée vers une meilleure efficacité opérationnelle ou un recul en matière de responsabilité sociale? Le défi réside dans la capacité à maintenir un équilibre entre ouverture et responsabilité sans compromettre les principes d’inclusivité.
Les chef.fe.s d'organisation exercent une influence considérable sur les politiques publiques et les normes sociétales. Leurs décisions ont des répercussions profondes et durables sur les communautés. Une liberté d’expression sans cadre adéquat risque de créer des environnements où certaines voix dominent au détriment d’autres.
Il est donc essentiel de considérer l’EDI, non pas comme une charge financière à éliminer, mais comme un investissement stratégique. La diversité des perspectives permet aux entreprises de mieux anticiper les défis et d’innover de manière plus inclusive. En continuant à soutenir ces initiatives, les organisations peuvent bâtir des équipes résilientes et visionnaires, capables de répondre aux réalités d’un monde en constante évolution.
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