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Remaniement Carney: l'EDI à l'épreuve des superministères
DIVERSITÉ ÉQUITÉ ET INCLUSION
Kathy Ramboni
Par

Kathy Ramboni

JCCM - Jeune Chambre de commerce de Montréal

Codirectrice bénévole du comité affaires publiques

Un tournant ou une transition?


Le 28 avril, les Canadiennes et Canadiens éliront leur prochain gouvernement fédéral. D’ici là, le gouvernement libéral poursuit son mandat sous la direction de Mark Carney, devenu le 24ᵉ premier ministre du Canada le 14 mars dernier. Ancien gouverneur de la Banque du Canada (2008-2013), il a pris ses fonctions dans un contexte marqué par des turbulences, avec l’annonce, quelques semaines après, de la tenue d’élections fédérales anticipées.


Les politiques EDI: resteront-elles une priorité pour le prochain gouvernement fédéral?

À l’approche des élections fédérales, le premier ministre Mark Carney réduit son cabinet de 38 à 23 ministres, affirmant qu’une équipe restreinte favorisera une gestion plus efficace dans un contexte économique précaire. Si le commerce international, les affaires étrangères et les finances sont mis de l’avant pour protéger l’économie face aux tensions tarifaires avec les États-Unis, l’absence de ministres dédiés aux femmes et à l’égalité des genres, à la diversité et l’inclusion, puis à la jeunesse suscite des critiques. Aux yeux des défenseurs de l’équité, de la diversité et de l’inclusion, cette décision donne l’impression que l’EDI n’est plus une priorité pour ce gouvernement de transition.

Ces dossiers, bien que toujours existants, ont été intégrés à d’autres ministères. Un porte-parole du gouvernement précise que Steven Guilbeault, ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes, supervise désormais le ministère des Femmes, de l’Égalité des genres et l’Inclusion, qualifiant son portefeuille de «superministère»1. De son côté, Steven MacKinnon, ministre de l’Emploi et de la Famille, prend en charge les enjeux liés aux personnes en situation de handicap et de la jeunesse.

À l’heure où certaines grandes entreprises reculent sur l’EDI chez nos voisins du Sud, une question se pose : cette tendance influencera-t-elle les politiques au Canada et au Québec ? La décision du premier ministre Mark Carney de déléguer ces dossiers à des ministères déjà chargés alimente cette crainte. C’est pourquoi plusieurs organisations et personnalités québécoises ont cosigné la lettre L’EDI, une amie qui nous veut du bien, appelant à préserver ces engagements.


Des superministères temporaires ou pérennes?

Bien que les dossiers EDI n’aient pas disparu sous le gouvernement Mark Carney, ils risquent d’être relégués au second plan face aux priorités jugées plus urgentes, comme la guerre commerciale en cours. Le fait de les regrouper dans un portefeuille élargi dilue l’expertise, les ressources et l’attention requises pour lutter efficacement contre les inégalités systémiques. Or, l’équité, la diversité et l’inclusion exigent un leadership dédié et une responsabilisation réelle, difficile à garantir si elles restent des priorités secondaires dans un ministère sans lien direct.

Cette marginalisation pourrait freiner les avancées des dernières années et affaiblir la mise en œuvre de politiques inclusives, notamment en matière d'accès à l'emploi, de protection des droits des minorités et de lutte contre la discrimination. Les organisations de la société civile et les expert.e.s en inclusion expriment déjà leurs préoccupations face à ce recul potentiel.

De plus, l’incertitude demeure quant au caractère temporaire des superministères, qui pourraient perdurer en cas de réélection le 28 avril, un scénario d’autant plus probable dans un contexte de crise économique et de tensions commerciales dont l’issue reste incertaine. Si cette structure devient permanente, elle pourrait redéfinir durablement les priorités gouvernementales et modifier l'approche canadienne en matière d'EDI.


Conclusion

En somme, le 28 avril prochain, les électeurs et les électrices auront à choisir non seulement un gouvernement fédéral, mais aussi une vision pour l’avenir de l’EDI au Canada. La structure actuelle des superministères est-elle une réponse temporaire à une crise économique ou le signe d’un changement durable ? La suite dépendra du verdict des urnes.

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