- ACTUALITÉ
- 31
- Août
- 2023

L’appel téléphonique est devenu une rareté pour bon nombre de milléniaux, et encore plus pour la génération Z. Depuis quelques années, il a été remplacé par une avalanche de courriels, de textos, de DMs et autres notifications qui envahissent nos téléphones intelligents au quotidien. Si ces interactions peuvent refléter une vie dynamique et des intérêts multiples, elles sont surtout, pour les jeunes professionnels, le sommet visible d’un iceberg nommé hyperconnectivité.
À qui la faute ?
Aux téléphones intelligents, au télétravail, à la société ? Plutôt que de chercher un coupable, pourquoi ne pas prendre à bras-le-corps le problème et surtout les solutions ! Est-ce que le gouvernement peut en faire davantage pour appuyer les entreprises dans l’implantation de mesures concrètes et efficaces et le respect de celles-ci pour faire une réelle différence dans nos milieux de travail? Sans aucun doute et on a suffisamment attendu! Mais c’est à mon avis d’abord à nous tous et toutes, de provoquer cette impulsion au sein de nos entreprises pour ainsi devenir des agent.e.s de changement durable.
J’appartiens à la génération qui a vu naître le premier iPhone au début de sa carrière. Depuis, la notion de disponibilité a évolué jusqu’à atteindre un sommet vertigineux. Cette révolution technologique a lentement grignoté les frontières de notre vie personnelle. Et elle continue de le faire; une récente étude de l’Université de Montréal et Force Jeunesse, parmi d’autres études, révèle que de plus en plus de professionnel.le.s vivent une détresse liée aux attentes, explicites ou implicites, de disponibilité constante, même en dehors des heures de travail.
On a glorifié les horaires étirés, les liant à la productivité et au dévouement. Mais aujourd’hui, il est temps de se poser une question essentielle : comment redonner à chacun.e les repères nécessaires pour respecter ses limites ?
Soyons 100% honnêtes, j’évolue dans le milieu de la consultation depuis plusieurs années, et il serait irréaliste de prétendre qu’on peut déconnecter à 17 h chaque jour et ignorer un client qui sollicite notre expertise en dehors des heures conventionnelles. Mais pour la grande majorité d’entre nous, cette disponibilité ne devrait pas être exigée 52 semaines par année.
La première étape est simple, mais trop souvent négligée : clarifier les règles du jeu, dès le départ. Les jeunes (et moins jeunes) professionnel.le.s ont besoin de savoir ce qui est attendu d’eux et surtout, ce qui ne l’est pas. Cela passe par des balises précises sur les heures de disponibilité, les délais de réponse aux courriels, et les moments où la déconnexion est non seulement permise, mais encouragée. Une communication transparente permet de réduire l’ambiguïté, de prévenir l’épuisement et de renforcer la confiance entre employeurs et employés.
Déconnecter ne s’improvise pas. Il faut des outils, des réflexes, des routines. Cela peut prendre la forme de plages horaires sans notifications, de journées sans réunions, ou de formations sur la gestion du temps et des priorités. Je crois fermement que les gestionnaires doivent jouer un rôle clé en partageant leurs propres stratégies de déconnexion, en valorisant les pauses, et en normalisant le fait de ne pas être joignable en tout temps. L’harmonie entre vie professionnelle et personnelle ne se décrète pas, elle se construit!
Enfin, pour que le droit à la déconnexion soit durable et équitable, il doit être intégré à la culture même de l’organisation. Cela signifie que le bien-être ne doit pas être un sujet périphérique, mais un pilier stratégique. Les entreprises qui valorisent la santé mentale, la flexibilité et le respect des limites attirent et retiennent les talents. Elles créent des environnements où l’engagement est sincère, et non forcé. Finissons-en avec le carewashing, ces discours bienveillants à la mode qui prône le bien-être sans réellement l’incarner, et soyons honnêtes, l’atteinte d’un certain équilibre est sain, souhaitable et doit s’inscrire autant dans nos pratiques, nos valeurs et nos décisions.
Le droit à la déconnexion ne devrait pas être un privilège, mais une norme. Il est temps de sortir du cycle de l’hyperdisponibilité et de redonner du sens à nos temps de repos, à notre équilibre, à notre humanité. Les jeunes professionnel.le.s ne veulent pas fuir le travail, ils veulent le vivre autrement, avec respect, lucidité et cohérence.
En tant que gestionnaires, collègues, leaders ou intrapreneur.e.s (d’impact ?), nous avons le pouvoir et la responsabilité de transformer nos milieux de travail. Non pas en ajoutant une clause dans un manuel RH, mais en incarnant une nouvelle culture : celle où la performance ne se mesure pas à la quantité de courriels envoyés à 22 h, mais à la qualité de l’engagement, à la clarté des attentes et à la capacité de chacun à se ressourcer.
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